En pleine polémique sur le « Da Vinci Code », le Pape a profité de sa visite en Pologne pour rappeler aux fidèles de qu'il leur faut résister « aux tentations du relativisme ».
Durant deux heures, les polonais ont écouté l'homélie du Souverain Pontife, qui a commencé par un hommage à son « bien aimé prédécesseur », et demandé aux fidèles de « rester fidèles à la parole du Christ, même quand elle est exigeante et humainement difficile à comprendre.
Un appel au retour à la « permanence de la foi »
Le message de Benoît XVI aux chrétiens s'est ensuite fait plus offensif, pour fustiger ceux qui cèdent « à la tentation du relativisme et de l'interprétation subjective et sélective des écritures sacrées». «On cherche à créer l'impression que tout est relatif, et que même les vérités de foi dépendraient de la situation historique et de l'évaluation humaine», a lancé le Pape dans une allusion claire à la polémique créée par le « Da Vinci Code », cet ouvrage récemment adapté au cinéma, et qui remet en question un certain nombre d'éléments fondamentaux du dogme catholique.
«Selon ces gens, cette vérité [du Christ] est trop incommode pour l'homme moderne», a expliqué le Souverain Pontife aux très nombreux fidèles polonais, dont beaucoup agitaient de petits drapeaux portant sur une face le portrait de Benoît XVI et sur l'autre celui de Jean-Paul II. Le chef de l'Eglise Catholique a enfin prôné un retour à la permanence de la foi chrétienne, transmise «de génération en génération».
Le Pape a dénoncé hier à Varsovie ceux qui veulent «falsifier la parole du Christ et retirer la vérité de l'Evangile».
«Comment ne pas rendre grâce à Dieu pour tout ce qu'il a réalisé pour votre patrie et le monde entier», a déclaré le Pape, qui a saisi cette occasion pour rappeler son combat contre le relativisme et demander aux Polonais de faire fructifier leur «riche héritage de foi». Surtout, alors que le film Da Vinci Code caracole au box office, Benoît XVI a rappelé que les «vérités de la foi» ne dépendent ni «de la situation historique» ni «d'une évaluation humaine». Aujourd'hui comme hier, «certaines personnes» et «certains milieux» voudraient «falsifier la parole du Christ et retirer la vérité de l'Evangile», une vérité jugée trop peu commode pour l'homme moderne.
Après cette célébration et un bain de foule, Benoît XVI a poursuivi son pèlerinage sur les traces de Jean-Paul II. Il s'est rendu au monastère de Jasna Gora, à Czestochowa, pour y prier devant l'icône miraculeuse de la Vierge noire, révérée par les Polonais et son prédécesseur, qui s'y rendit à six reprises, et offrit au sanctuaire sa ceinture blanche maculée du sang de l'attentat du 13 mai 1981. Pour marquer la continuité avec le pontificat de Jean-Paul II, Benoît XVI devait apparaître à «la fenêtre du pape», le balcon de l'archevêché de Cracovie, où Karol Wojtyla apparaissait à chacun de ses voyages pour des rencontres impromptues avec les jeunes.
Après une étape aujourd'hui à Wadowice, la ville natale de son prédécesseur, le moment le plus émouvant du séjour du Pape devrait être sa visite, demain, au camp d'extermination nazi d'Auschwitz-Birkenau.
Depuis le début de son second voyage international, cette image emblématique d'un pape allemand pénétrant, seul, dans ce lieu de la barbarie nazie, est très attendue. Il a lui-même expliqué que l'holocauste des juifs, mais aussi l'extermination dans ce camp de dizaines de milliers de non-juifs, Polonais, Roms ou prisonniers de guerre soviétiques, permettaient de mesurer «combien l'homme peut tomber en dessous de sa dignité».
«Un nouveau sens de l'humanisme»
Il a aussi souhaité que de cette mémoire naisse «un nouveau sens de l'humanisme et une vision de l'homme à l'image de Dieu». Dix ans après la fin de l'affaire des religieuses carmélites installées dans le camp, le Pape reste conscient que deux mémoires rivalisent encore à Auschwitz : celle de la Shoah et du martyre des Polonais. Il a voulu souligner que, bien qu'allemand, il s'y rendait en tant que catholique, car «les nationalités sont insérées et relativisées dans la grande communion catholique».
Cependant, si cet «événement est exclusivement spirituel et non politique», souligne le cardinal de la curie Walter Kasper, il n'en demeure pas moins remarquable qu'un Allemand devenu pape s'y rende dès son premier voyage personnel. «On ne peut pas oublier le passé» sans compromettre l'avenir, estime le cardinal en charge du dialogue avec les juifs. Dans la mentalité collective et tout au long de son voyage,
Benoît XVI n'a cessé d'incarner symboliquement le peuple allemand. Il a déçu en ne faisant qu'une halte en voiture devant le monument aux victimes du ghetto de Varsovie. Des «Justes parmi les nations», ces Polonais qui ont sauvé des juifs durant la guerre, attendaient plus de spontanéité et un geste fort. Mais, même en Pologne, Benoît XVI n'est pas Jean-Paul II.